Pic pétrolier : Laherrère répond à Yergin

September 23, 2011

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Excerpts in French. Compete article at Oil Man.

An English translation is now available (Sept 26)
-BA

Jean Laherrère, ancien expert de Total et co-fondateur de l’Association pour l’étude du pic pétrolier, désosse la dernière analyse du champion des "optimistes", l’Américain Daniel Yergin.

 

Daniel Yergin est de retour. L’auteur de The Prize, une histoire du pétrole qui fait aujourd’hui référence, toute à la gloire de l’industrie, a publié la semaine dernière une tribune dans le Wall Street Journal, en avant-première de la sortie de son nouvel ouvrage, The Quest.

Image RemovedJean Laherrère

Daniel Yergin est le vice-président d’IHS, puissante agence d’intelligence économique considérée comme très proche des majors américaines du pétrole. L’argumentaire que cet analyste de tout premier plan développe dans Wall Street Journal est une contre-attaque, longtemps attendue, à la multiplication des pronostics alarmistes au sujet de l’avenir de la production pétrolière mondiale.

Daniel Yergin admet que réussir à satisfaire la demande future de pétrole représente un « challenge ». Mais il met sévèrement en doute la crédibilité des membres de l’ASPO, l’Association pour l’étude du pic pétrolier, lesquels soutiennent qu’un tel challenge est perdu d’avance, faute de réserves pétrolières suffisantes encore exploitables.

Dans l’état des lieux qu’il présente, le vice-président d’IHS omet de rappeler un fait essentiel : le pic de production franchi en 2006 par le pétrole conventionnel (le pétrole liquide classique, qui constitue 80 % de l’offre de brut). Une date prédite dès 1998 par Colin Campbell et Jean Laherrère, les deux pétrogéologues qui ont fondé l’ASPO.

J’ai donc demandé à Jean Laherrère, ancien patron des techniques d’exploration du groupe Total, de réagir aux affirmations clés qui sous-tendent l’analyse optimiste fournie par Daniel Yergin.

 

Daniel Yergin : « Rien qu’au cours des années 2007 à 2009, pour chaque baril produit dans le monde, 1,6 baril de découvertes nouvelles a été ajouté. »

Jean Laherrère – Daniel Yergin fait appel aux chiffres politiques et déclaratifs publiés par le Oil & Gas Journal et par BP. D’après ces données, les réserves mondiales étaient de 1253 milliards de barils (Gb) en 2007 et de 1333 Gb en 2009, en intégrant l’ajout de 72 Gb de pétrole extra-lourd de l’Orénoque découverts au Venezuela… à fin des années trente. Ce qui est, disons, étonnant, c’est que M. Yergin ignore les chiffres de sa propre société, IHS.

Ces chiffres, les voici (ils sont censés être confidentiels, mais nous autres pétrogéologues les faisons bien sûr circuler entre nous). On notera qu’ils ne tiennent pas compte du pétrole extra-lourd :

… [chifres]

La réalité, c’est donc que pour 1 baril produit, on a découvert moins de 0,5 baril et non 1,6 ! Le pétrole continue à être consommé plus vite qu’il n’est découvert. Une situation qui perdure maintenant depuis un quart de siècle…

 

Tags: Energy Policy, Fossil Fuels, Industry, Oil